Le compte à rebours, ce décompte si emblématique des lancements spatiaux, a une histoire peu connue qui remonte aux premiers temps du cinéma de science-fiction. C’est en effet grâce – ou à cause – d’un film muet allemand sorti en 1929 que cette pratique s’est ancrée dans les procédures et l’imaginaire collectif liés à la conquête spatiale. Découvrez pourquoi et comment la NASA utilise aujourd’hui encore un compte à rebours lors de ses missions spatiales.
Le compte à rebours dans le film « Frau im Mond » #
Tout commence avec le film muet allemand intitulé Frau im Mond (La Femme sur la Lune), réalisé par Fritz Lang et sorti en 1929. Ce film est considéré comme l’un des premiers longs métrages de science-fiction et met en scène un voyage vers la Lune organisé par une équipe de scientifiques et d’aventuriers à bord d’une fusée nommée Lunar.
Une innovation cinématographique pour intensifier le suspense #
Dans ce film, Fritz Lang a eu l’idée d’utiliser un compte à rebours pour intensifier le suspense avant le lancement de la fusée, en faisant défiler à l’écran les chiffres de 10 à 0 accompagnés d’une musique haletante. Il faut préciser qu’à l’époque, il n’existait pas encore de compte à rebours lors des décollages de fusées et d’autres engins spatiaux, que ce soit dans la réalité ou dans la fiction. Ce procédé cinématographique a marqué les esprits et est rapidement devenu un élément incontournable de l’imaginaire lié aux voyages spatiaux.
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La reprise du compte à rebours par la NASA #
Le premier lancement d’une fusée pour le programme spatial américain a eu lieu en 1950 avec le vol Bumper 2, qui avait pour objectif de tester notamment les capacités balistiques du missile allemand V-2 capturé après la Seconde Guerre mondiale. Cependant, c’est à partir des années 1960 que la NASA, l’agence spatiale américaine, commence à utiliser un compte à rebours pour ses missions habitées, s’inspirant ainsi directement du film « Frau im Mond ».
Une méthode permettant d’améliorer la coordination entre les équipes #
Si cette pratique s’est inscrite aussi durablement dans les procédures de lancement, c’est qu’elle présente plusieurs avantages pratiques pour la préparation et la coordination des équipes au sol. Le compte à rebours permet en effet aux différents acteurs intervenant lors d’un lancement – ingénieurs, techniciens, mécaniciens, astronautes, etc. – de synchroniser leurs actions et de suivre un ordre strict et planifié.
Ce décompte précis a également pour avantage de faciliter la communication entre les diverses équipes, qui peuvent se référer à des temps précis pour effectuer leurs tâches en parallèle ou successivement. En outre, il permet d’anticiper et de limiter les erreurs et les incidents techniques pouvant survenir lors du déroulement d’une mission.
Le compte à rebours dans l’espace : une tradition bien ancrée #
Que ce soit pour des missions habitées, des satellites ou des sondes spatiales, le compte à rebours est aujourd’hui utilisé par toutes les agences spatiales, qu’elles soient américaines, russes, européennes, chinoises, indiennes, etc.
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- Lancement de la fusée Saturn V lors des missions Apollo : le célèbre programme spatial Apollo de la NASA, dont le but était d’envoyer des astronautes sur la Lune et de les ramener sains et saufs sur Terre, a marqué davantage encore cette pratique. Lors des décollages des puissantes fusées Saturn V, le compte à rebours était accompagné d’un commentaire assuré par un « launch control officer », un officier responsable du contrôle du lancement, qui annonçait les étapes clés avant le décollage de la fusée.
- Les navettes spatiales et au-delà : avec les navettes spatiales, mises en service au début des années 1980 et retirées en 2011, le compte à rebours n’a pas disparu pour autant. Il demeure toujours un élément essentiel des procédures de lancement des véhicules spatiaux, y compris pour les nouveaux programmes de la NASA et des agences spatiales internationales.
Ainsi, un détail du film de Fritz Lang a fini par s’imposer comme une pratique courante et incontournable dans le secteur spatial. Le compte à rebours est désormais indissociable des lancements de fusées et témoigne, en quelque sorte, de la capacité de la fiction à anticiper et même à influencer les développements technologiques réels.
